Dans Donner à voir, Paul Éluard explique très bien dès 1939 comment il entendait ce rapport entre l’image et le texte : « Pour collaborer, peintres et poètes se veulent libres. La dépendance abaisse, empêche de comprendre, d’aimer. Il n’y a pas de modèle pour qui cherche ce qu’il n’a jamais vu. À la fin, rien n’est aussi beau qu’une ressemblance involontaire. » Ce rapport me semble très moderne dans la mesure où, rejetant l’idée de la « dépendance », il critique du même coup la notion d’illustration telle qu’elle a souvent été envisagée… Une égalité entre l’artiste et l’écrivain apparaît ainsi, ce qui fait qu’un texte peut être un stimulant pour le peintre, comme la proposition picturale peut être un stimulant pour l’écrivain. C’est cette liberté et cette stimulation réciproque possible qui, je crois, séduisent les écrivains et les peintres d’aujourd’hui, et cette relation me semble plus forte que jamais. « Peintre et poète, en s’éloignant de la représentation, se rencontrent d’une manière plus étroite et plus essentielle. » (Jacques Dupin). Sans renier leur propre mode d’expression artistique, ils créent en effet une connivence qui permet d’aboutir à une véritable symbiose dans et par le livre.
Extrait du catalogue — Roland Chopard, 1982
Catalogue édité en 2023 sur les presses de l’Imprimerie de Champagne (Langres – France), par les éditions Fabelio, pour le Manoir des livres.
Textes de Françoise Ascal, Daphné Bitchatch, Roland Chopard, Colette Deblé, Nicolas Grégoire, Jean-Michel Marchetti,
et James Sacré.
64 pages • broché • 22€
22 cm x 28 cm
ISBN : 978-2-491-85316-7