Depuis si longtemps nous voyageons ensemble dans nos îles, celles que nous connaissons l’un et l’autre, – mais elles ont changé -, l’un ou l’autre – et nous nous les sommes imaginées l’un pour l’autre, ni l’un ni l’autre – prévoyant, organisant des escapades qui n’ont pas encore abouti -, prenant le ferry ou l’avion, parcourant les rues ou les pistes à pieds en voiture ou en train, même à dos d’âne ou de chameau,
Avec notre allure de rois-mages à la dérive, d’étudiants besogneux, de rescapés de catastrophes, d’apprentis grands-pères ou de petits télégraphistes d’autrefois,
Notre Corse avec ses maquis, ses plages ses lacets et ses cochons noirs, ses coups de vent ou de sang,
Notre Angleterre avec ses universités, cathédrales et châteaux, ses bières et whiskys, ses gastronomes et collectionneurs,
Nos Jersey et Guernesey avec leurs maisons de Victor Hugo, leurs jardins fleuris sous la pluie, leurs timbres et leurs billets de banque,
Nos Antilles avec leurs volcans, leurs plantations, leurs dentelles et leurs poètes,
Notre Indonésie avec ses gamelangs, ses temples et ses traditions, ses forêts vierges et ses épaves,
Notre Islande avec ses aurores boréales, ses geysers, ses sagas et ses champs de lave,
Et même nos îles des fleuves, Cité, Saint-Louis, Cygnes, Grande Jatte avec leurs passages secrets, leurs peintres impressionnistes, leurs usines abandonnées,
Et même les exoplanètes parmi lesquelles nous cherchons la sœur, la cousine, l’amie, l’accueillante, la plus généreuse encore, la nouvelle escale, l’eldorado,
Pour nous y reposer enfin pendant quelques rotations autour d’elles-mêmes et peut-être de leur Soleil, après une traversée mouvementée, retrouver une délicieuse pesanteur en nous racontant autour d’un feu de branches d’arbres inconnus, des aventures rocambolesques.